Le livre du souvenir de Kaluszyn

Histoire des Juifs de Kaluszyn

 

Les ‘’Yzkor Bukh ‘‘ sont des livres écrits en yiddish généralement , publiés à partir de 1943 ,  recueillant les témoignages des survivants des bourgades des communautés juives d’Europe de l’Est avant et pendant la seconde guerre mondiale.

On y trouve une partie historique et des témoignages de la vie dans les villes et bourgades depuis la fin du 19ème siècle.

Le ''Sefer Kaluszyn''  raconte plus particulièrement l’histoire de cette bourgade, situé à 70km à l’est de Varsovie .

Il est constitué de 8 chapitres

1.   Temps et régimes

2.   La communauté de Kaluszyn

3.   Partis et associations culturelles

4.   Modes de vie  et portraits

5.   Luttes et destruction

6.   En mémoire de

7.   Les amicales de Kaluszyn

8.   Rubrique nécrologique




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Chapitre 1- Temps et régimes
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HISTORIQUE

 

 

1416 : Première mention du village de Kałuszyn.

Dans l’ouvrage « La vieille Pologne » de Balinsky (4 tomes - 1934) il y a une  annotation où figurent les mots suivants: « En ce qui concerne Kałuszyn, tout ce que l’on peut dire est que cette bourgade aux maisons en bois et habitée par de très nombreux Juifs, est passée de la propriété des Opatzki à celle des Rudziensky».

Et c’est tout ce qu'écrit Balinsky à ce sujet sur le passé de Kałuszyn.

Il n’est pas facile de trouver des sources décrivant cette bourgade et en particulier, l’histoire de la communauté juive locale.

Les dirigeants de la communauté ainsi que les administrateurs de la synagogue ont sûrement tenu des registres à des époques antérieures, mais aucune trace n’en est restée.

Ils sont partis en fumée ou ont été perdus, comme pour d’autres communautés dans la tourmente des évènements, à commencer par les massacres et toutes les guerres que la Pologne a traversées jusqu'au début du 19ème  siècle. Après de longues recherches, on peut établir que Kałuszyn était, jusqu'au début du 18ème siècle, un vieux village appartenant à la famille de la vieille noblesse polonaise, les Opatzki.

L'église du village fut construite en 1472.

 

Les débuts de l’arrivée des juifs à Kałuszyn  datent probablement du milieu du XVIIème siècle.

 

Kałuszyn est une ville de la province de Varsovie, à l’ouest de Siedlce et Kałuszyn voit s’établir des juifs au début du 17ème siècle, qui à  la date de sa création  a toujours formé la majorité de la population. La communauté juive a organisée des le début du siècle des institutions éducatives et culturelles.

 

Le propriétaire de la ville, Wojciech Opackiego accorde des droits municipaux aux juifs pour relancer le commerce dans le centre urbain émergent.

Kałuszyn à l’époque avait 200 habitants, mais en l’absence de source il est difficile de déterminer dans ce groupe ce qu’était la population juive.

 

La première mention de la population juive à Kałuszyn date  de la seconde moitié du XVIIIème siècle. Il s’agit  principalement de données sur le nombre de juifs. Des dossiers de la conscription militaire en 1737 ans, les impôts payés par les juifs qui étaient subordonnées à la Wengrow kahałowi (commune de Wengrow).

 

En 1718, un des membres de la famille Opatzki obtint du roi Auguste II le privilège d’agrandir le village et d’en faire une véritable ville.

Quelques années plus tard, le village prit l’aspect d’une ville, avec son marché et des jours fixes pour les foires. La famille Opatzki prit la décision de vendre Kałuszyn, ainsi que les villages environnants, à la famille Rudzienski.

 

En 1795 Kałuszyn était sous autorité autrichienne.

 

En 1809 la ville a été transférée au Duché de Varsovie et à partir de 1815 elle a appartenu au Royaume de la Pologne. Pendant le soulèvement de Novembre, en 1830, il y a eut  3 batailles contre l’Armée russe près de Kałuszyn. Pendant le Soulèvement de Janvier, en 1863, des insurgés polonais ont battu l’Armée russe près de Kałuszyn.

Au 19ème  siècle, le village appartenait au Général Rudzienski et à la baronne Josepha Zamoyska.*

*(tiré du Sefer Kałuszyn)

L’organisation de la communauté juive religieuse (Kehila) a été fondée à Kałuszyn dans la seconde moitié du XVIII ème siècle. La compétence principale de la municipalité était l’organisation et le maintien du rabbinat, l’entretien des synagogues et des maisons de prière, des bains rituels et un cimetière. Au village ont  veillait à l’éducation religieuse des enfants et des jeunes, et il était garanti l’approvisionnement en viande casher.

P. Fijalkowski

 

1714

Avant même que Kałuszyn n’obtienne en privilège le statut de municipalité, les juifs acquittent une capitation (impôt) de 500 zlotys à la communauté de Wengrov à laquelle ils appartiennent. En 1717, 1718 et 1719 également, Kałuszyn était encore intégré à la communauté de Wengrow.

1717

Compte tenu de la répartition des personnes imposables, la commune de

Wengrov à payer 3914 zlotys et 27 groschens. La contribution des juifs de

Kałuszyn s’est élevée à 736 zlotys et 18 groschens. Quant aux villages environnants : Mokobody : 320 zlotys, Mrodi 160 zlotys, du métayer Nahman du village Okinin 80 zlotys, Levke d’ Olchewitz, 40 zlotys, David de Zalev 30 zlotys. (d’après le registre ossolineum de Lemberger 89-ii-279).

1718

Kałuszyn obtient sa charte de ville

1737

Première documentation sur la population juive quand elle paye à la municipalité la somme de 600 florins.

1764

Lors du recensement, Kałuszyn était déjà devenue autonome et avait sous sa juridiction un certain nombre de paroisses. Paroisses comprises, Kałuszyn comptait 566 juifs. A l’époque Kałuszyn était située dans la région de Liw

 « Ziemia Liwska « qui appartenait à la région administrative de Mazowiecki

1765

566 juifs vivent à Kałuszyn, sous l’autorité  du Kahal  de Wengrow 1

1768

Une synagogue est érigée.

1783

La synagogue est brûlée lors du grand incendie qui frappe  Kałuszyn

1787

Une nouvelle synagogue est érigée près de la Vieille Place et à côté du vieux square avec la permission d’Anthony Okęckiego, l’évêque de Poznań. La longueur et la largeur de la synagogue a été de 22 coudées* avec une hauteur de 11 coudées. En échange de la permission de construire des synagogues, les Juifs ont promis 12 « dollars » par an « pour les autorités locales», les prêtres de la paroisse.

Kałuszyn paye 600 zlotys d’impôts. D’après les listes relatives à la répartition des impôts, Kałuszyn fut subordonnée à la communauté de Wengrow, dès la première moitié du 18ème siècle, non pas en tant que communauté indépendante, mais en tant qu’annexe de la communauté de Wengrov (ville, qui était un chef lieu dans le cadre de l’autonomie juive).

*La coudée (lat. cubitus) est une unité de longueur. Elle a comme base la longueur allant du coude jusqu’à l'extrémité de la main. C’est la coudée, dite naturelle, de vingt-quatre doigts (= six paumes ou 1½ pieds). Elle correspond donc à 45 cm environ.

1794

Dans la seconde moitié du 18ème siècle, avec Kosciuszko 2 les juifs de  Kałuszyn participent activement à la lutte pour l’indépendance de la Pologne et créent des uniformes, fabriquent des chaussures et autres équipements pour les insurgés, pour lesquels ils ont été soumis à différents types de représailles par les autrichiens

1795 

Depuis  cette date Kałuszyn la ville est dans l’empire autrichien.

A la fin du 18ème  siècle, des recettes énormes étaient versées pour des honoraires concernant justes des locations payés par les juifs.

Les données de 1789 montrent un revenu annuel de 3.200 zlotys.

Les juifs étaient pour la plupart engagés dans l’artisanat et les baux des moulins et avaient des usines et des petites unités de fabrication. Toutefois, la majorité des juifs dans Kałuszyn travaillaient dans des petits artisanats comme les ateliers de tissage, de fourrure, de pelleterie, de cuir, de tannerie, de la confection de vêtements, etc. Les acheteurs étaient essentiellement la noblesse, de nombreux résidents et des paysans.

1800

Construction en bois d’un mikvé 3 et de l’hôpital de la charité.

1809

La ville est  transférée au Duché de Varsovie.

1810

1092 juifs sont comptabilisés ainsi que 339 Polonais.

1815

La ville revient au Royaume de Pologne (le Congrès de Pologne).

1827

145 maisons sont recensées, toutes en bois. Le nombre d’habitants diffère en fonction des sources, le Sefer Kałuszyn indique que  1455 juifs vivent à Kałuszyn, soit  80 % de la population.

1830

Pendant le soulèvement de Novembre, il y a eu 3 batailles contre l’Armée russe, le sort est un statu quo.

1830-1831 

Les habitants de Kałuszyn participent aux guerres napoléoniennes, en fournissant de l’avoine pour les chevaux et en étant dans le soulèvement de novembre.

1831

17 février, première bataille 4 de  Kałuszyn.

En 1840

Kałuszyn compte le plus grand commerce du grain dans l’Est de la Mazovie.

les juifs viennent de plusieurs kilomètres à Kałuszyn  juste pour le commerce du blé et ses produits transformés, ainsi que les bovins, les chevaux et les denrées alimentaires.

1841

Construction d’un abattoir.

1845

La ville est faite de maisons en bois, après un incendie  il y a des centaines de sans-abri, et la nourriture fait défaut.

Kałuszyn connaît un développement économique vigoureux, en particulier dans le domaine du commerce.

1848

Motl Michelson et Rubin Silberman bâtissent une auberge avec une écurie construite au vieux marché, La communauté juive est économiquement diversifiée avec un groupe de juifs riches comme les propriétaires des usines de production et de maçons, mais aussi de nombreux habitants d’un niveau moyen, principalement employés dans les ateliers d’artisanat ou  dans l’agriculture.

1856

Kałuszyn compte 3670 juifs,  Un impact énorme sur la vie du 19eme siècle, les juifs et les Polonais s’unissent contre trois incendies dévastateurs.

1857

Sur une population totale de 4234 habitants, 3667 juifs sont recensés soit 86% de la population.

1861 

228 maisons, dont  5 en dur, la population est de 4566 habitants, parmi lesquels seulement 608 chrétiens et 3958 juifs soit 87 %.

1862-1864 

En janvier, les juifs sont activement engagés dans l’armée, combattant côte à côte avec les polonais contre les russes et les ont battus. L’encyclopédie universelle d’Orgelbrand 5 donne le nom des 2 usines de taleths 6.

1863

Les insurgés polonais qui comptent des juifs dans leurs rangs mettent l’armée russe en déroute.

1877

7532 habitants, 3628 hommes et 3904 femmes, 319 maisons, dont 8 en dur.  Le budget de la ville est de 3819 roubles de recettes et 2920 roubles de dépenses. Le capital de la ville s’élève à 2175 roubles. Il y a 3 usines dans la ville, un bureau de poste, à 5 km de la ville, la gare de Mrozi suit la ligne Varsovie -Terespol.

Mordekhai Motl Michelson, l’un des marchands les plus riches de la ville pendant le 19ème siècle a assumé le rôle de Shtadlan.7

1897

8428 habitants, 6419 Juifs sont comptabilisés soir 76% de la population.

Dans la première moitié du 19ème siècle, Kałuszyn comptait 11 fournisseurs de graisse de porc, 5 bouchers, 15 boulangers, 16 femmes propriétaires de tavernes, des commerces de bétails et des charretiers.

Ils sont organisés en guildes. Ils pourvoient les armées polonaises et russes

En revanche, les juifs ruraux dans les villages environnants pour la plupart, ont été des distillateurs, des brasseurs et des meuniers.

La route Varsovie-Terespol appelé « traktem Brest », est construite au 19ème siècle à Kałuszyn ce qui a stimulé l’économie, développé le commerce et la petite industrie, la ville est réputée pour la production de taleth.

 

Leopold Mikulski, le correspondant de Varsovie du « Weekly Review» décrit les marchés d’alors: « Le commerce de  Kałuszyn brille jusqu’à 4 et 5 miles dans les  environ et absorbe tous les fruits de l’agriculture avec laquelle elle fournit alors la puissance à Varsovie, et la prospérité des commerçants locaux Juifs  est connu depuis longtemps ».

 

Fin du 19ème siècle le tissage des taleths était une branche caractéristique de l’artisanat juif, la fabrication était si parfaite que la renommée des  taleths avait dépassé de loin la région de Kałuszyn. Au fil du temps la fabrication des taleths a pris une tournure industrielle à tel point qu’à la fin du 19ème  siècle on a compté jusqu’à 400 fabricants de taleths. Les fabricants de taleths avaient leur propre «confrérie», bien que cette confrérie ait un caractère religieux, une maison de prière où l’on pouvait étudier le Shabbat et les jours de fête, écouter les sermons d’un prédicateur.

Outre les fabricants de taleth, les autres artisans avaient aussi leur propre maison de prières. Il en allait ainsi pour les tailleurs, fabricants de tuiles, chapeliers, fabricants de chaussettes, cordonniers, repriseurs etc.

 

Selon Elenora Bergman 8 la population juive vivait dans les quartiers avec des limites précises. Les raisons sont au moins double. La première d’entre elles - une tendance naturelle à se concentrer à la communauté autour de l’axe principal qui a été la synagogue et la seconde, la connexion communauté -institutions ainsi fondée, s’efforçant de répondre à la pratique religieuse.

1897

8428 habitants.

Au début du 20e siècle, Kałuszyn se compose de :

9957 juifs, 1881 catholiques, 32 orthodoxes,  19 protestants. Soit 11 179 habitants 

La ville a 3 usines de bougies, une fabrique de couteaux, 3 usines de taleth, une fabrique de vinaigre, 4 moulins, 3 tanneries, 3 usines de production de gaz, et deux moulins à vapeur appartenant principalement aux Juifs qui emploient des dizaines de personnes, mais l'occupation principale de la population juive est le petit commerce et l'artisanat.

1900

La ville est dans l’empire russe, province de Varsovie et dans le district de Nowo Minsk.

1902

La synagogue est totalement brulée. Une nouvelle synagogue est construite en quelques années, elle  est maintenant le site d'une station-service. En plus de la synagogue, la ville a des beit midrashim - salles d’étude  y compris dans des maisons privées.

1917-1918 

Beaucoup de juifs ont servi dans l’armée polonaise pendant la première guerre mondiale

1920

Un nouveau cimetière juif dans Kałuszyn a été fondé au début des années 20. Il a été localisé dans la rue des martyrs, derrière le cimetière catholique.

1921

Entre les deux guerres : on recense 6122 habitants, dont 5033 juifs  soit 82 % de la population. Il y a une synagogue et 5 maisons de prière. La proportion reste généralement stable depuis le début de la ville jusqu’au déclenchement de la seconde guerre mondiale.

1924

La communauté d’administration élue  est composée de six membres titulaires pour « Agudat Israël » « Cinq pour » « Mizrachi » et un sioniste, Shimshon Leib Kirshenboim

1930

Entre les 2 guerres la ville est en Pologne, province de Varsovie, district de Minsk Mazowiecki.

1931

7256 juifs sont comptabilisés soit 82% de la population.

1939

11 septembre, l’armée allemande entre dans Kałuszyn, un décret est publié afin que tous les polonais et les juifs se réunissent à l'église. Les nazis saisissent par la barbe le vieux rabbin et le traînent à l’église. Dans l’église, les habitants restent debout les mains levées et se  font dépouiller de toutes leur valeurs. Ils sont maltraités durant trois jours avant d’être relâchés. Une centaine de juifs s’échappent rapidement de la ville et rejoignent le territoire polonais occupé par les soviétiques, de nombreux combats ont lieu entre des troupes polonaises et la division blindée allemande. Kałuszyn est occupée par l’armée allemande. Les allemands envoient le premier transport de juifs de Kałuszyn au camp d’extermination de Treblinka

Plus de 500 juifs de Kałuszyn sont envoyés dans le ghetto de Varsovie

Le 11.12.1939 Kałuszyn est détruite à plus de 80%

Les avions allemands bombardent la gare de Mrozi. Une bombe tombe près d’une église et 32 juifs sont tués. Tout Kałuszyn est en feu.

Le dernier recensement de  1939 donnait comme population 3000 polonais, 6500 Juifs

1941 

En mars l’occupant nazi commence l’extermination massive des juifs dans Kałuszyn même avant de les déplacer en septembre pour le ghetto dans le nord ouest de la ville à la tannerie et dans l’usine de boutons Berman qui avait une clôture.

Environ 6.000 juifs sont incarcérés là-bas. Les conditions sont inhumaines. Les enfants  nus, un froid intense, et ils étaient affamés, pas de charbon pour le chauffage et pas de nourriture. Les jeunes juifs sont contraints à des travaux de voirie ou de travail agricole, la plupart meurent d’épuisement et de faim.

En attente d’exécution, les pompiers sous l’administration allemande gardent les Juifs.

1942

·         25 septembre à lieu une grande « Aktion » 9 au cours de laquelle la majorité des personnes est expulsée à Treblinka pour y être gazée

·         28 octobre est établi un ghetto qui est en fait un camp de travail obligatoire, où les allemands concentrent quelques centaines de juifs de Kałuszyn et de villages avoisinants.

·         Novembre 1942 un autre groupe de juifs de Minsk Mazowiecki arrive au ghetto de Kałuszyn.

·         Décembre 1942, tous sont exterminés, lorsque le ghetto de Kałuszyn est liquidé. Des groupes sont conduits au cimetière où des puits ont été déjà élaborés, ceux qui survivent encore sont emmenés à la gare de Mrozy, mis dans des wagons de marchandises à destination de Treblinka

 

La communauté juive n’a pas été reconstituée après la guerre.

 

Pendant la deuxième guerre mondiale, le cimetière a été le site d’exécutions de masse de plus de 1000 juifs de 1941 à 1943.

Des polonais catholiques ont été fusillés par les allemands pour avoir aidé les juifs.

Actuellement, pas de pierre tombale ou de marqueur donnant des informations sur ces personnes

Sur le mur de l’église catholique locale dans la Place Kilinski il a été installé un mur de matzevot  (pierre tombale) trouvée sur l’ancien cimetière juif de Kałuszyn.

En 1990, une plaque est posée à l’entrée de l’église à l'initiative du Père Czesław Bednarczyk. On peut y lire : « Kałuszyn 1939 - polonais 3000, juifs 6500 ».

 

 

1 Kahal signifie communauté et Wengrow est une ville du district de Varsovie à environ 70 km à l’est de Varsovie où les juifs sont présents dès le début du 16ème siècle.

Le Kahal de Wengrow est habituellement composée de trois ou quatre personnes les plus âgés de la municipalité et de rabbins. Les principales tâches de la communauté juive étaient l’organisation et le maintien du rabbinat (payer les rabbins et les chantres), l’entretien des synagogues et des beit midrash-salles d’étude, des bains rituels, du cimetière, des services municipaux, des écoles, veillé à l’éducation religieuse des enfants et de garantir l’approvisionnement en viande casher.

 

2 Andrzej Tadeusz Bonawentura Kościuszko (17461817) est un héros national polonais, Lituanien (biélorusse) et des États-Unis, général et dirigeant du soulèvement de 1794 contre la Russie. Il participe à la guerre d’indépendance américaine comme colonel dans l’armée

continentale aux côtés de Washington. En signe de reconnaissance de ses services, il est élevé par le Congrès au grade de général de brigade et naturalisé citoyen des États-Unis en 1783.

 

3 Mikvè : Bain rituel utilisé pour l'ablution nécessaire aux rites de pureté dans le judaïsme

 

4Première bataille de Kałuszyn

 

Date : 17 février 1831

Lieu : À l’est de Varsovie, Pologne

Issue : sans

Belligérants : Pologne et Empire russe

 

Commandants

Pologne

Russie

Général Franciszek Żymirski

Général Iwan Dybicz Zabałkański

Forces en présence

36 000 hommes

100 000 hommes

Pertes

? Tués et blessés environ

1 000 tués et blessés environ

 

La bataille de Kałuszyn a eu lieu le 17 février 1831 entre la division du général polonais Franciszek Żymirski et l’avant garde de l’armée russe d’Iwan Dybicz Zabałkański sous le commandement du général Karl Wilhelm Von Toll.

 

Déroulement de la bataille

 

La ville  est connue pour avoir eu une grande bataille entre l’armée de l’empire russe et la Pologne.

Le général Franciszek Żymirski commandait les troupes polonaises fortes de 36 0000 hommes et le général Iwan Dybicz Zabałkański commandait les troupes russe fortes de100 000 hommes, mais celui qui mena l’assaut était le général Karl Wilhelm Von Toll.

A l’issue de la bataille il fut recensé environ 1000 tuées et blessés pour la Russie mais le détail des pertes polonaises n’a pas été rapporté.

Le 17 février, la grande armée impériale russe se déplace de Siedlce à Varsovie où elle rencontre la 2e division postée en arrière de Kałuszyn avec un petit engagement polonais (on se bat encore un peu à Janow et à Brzozowka). Le corps d’armée de Rosen sur la route de Liw à Stanislawow rencontre près de Dobre, la 3e division polonaise commandée par le général Skrzynecki, qui tient une position abritée par une rivière marécageuse. Une bataille s’engage, et la faible division polonaise composée de huit bataillons bloque un corps russe de 30 000 hommes pendant quatre heures. Dès que les colonnes russes se manifestent hors de la forêt, elles sont aussitôt mises en fuite.

Dans ce combat, le 4eme de ligne faisait ses premières armes avec courage et bravoure, les tirailleurs polonais maniaient les baïonnettes avec habileté, ce qui contribuera beaucoup à la gloire polonaise, ainsi que le choix tactique du lieu, qui empêchait les russes de déployer un grand front d’action. La perte sera de 1000 hommes du coté des russes. Cette bataille se termine lorsque la division de Skrzynecki se verra menacée par un débordement de la 2eme division russe plus nombreuse. La division de Jan Zygmunt Skrzynecki se retire derrière Stanislawow, et la division de Zymirski à Stojadly.

A la suite du combat de Lendrzeiow, les grenadiers blessés furent transportés à Varsovie; l’un d’eux, qui se trouvait dans l'une des salles de l’hôpital, se releva fièrement sur son lit et demanda : « Y a-t-il ici un soldat du fameux 4ème de ligne? Dites-lui que les grenadiers savent aussi se battre! »

 

5 Samuel Orgelbrand né le 16 novembre 1810 à Varsovie- l’un des plus célèbres éditeurs polonais.

 

6 Taleth : Châle de prièredont les Juifs se couvrent pour prier.

 

7 Le Shtadlan était une figure d’intercesseur, qui a représenté les intérêts de la communauté juive locale (tels que ceux du ghetto d’une ville) dans l’Europe médiévale  et a travaillé comme lobbyiste de négociation pour la sécurité des juifs avec les autorités qui détiennent le pouvoir.

Le shtadlan est apparues au 17ème  siècle et avec la montée de l’absolutisme comme un intermédiaire entre la communauté juive et l’extérieur du gouvernement. Il a été nommé par le gouvernement, et pourrait même être nommé comme fonctionnaire du roi. Le shtadlan est devenu un outil du gouvernement même s’il a officiellement représenté la communauté juive. Typiquement, une communauté juive (Kehila) régi ses propres affaires internes.

Les interactions avec la société de l’extérieur, telles que la collecte d’impôt et l’exécution des diverses restrictions et contraintes imposées à la communauté, ont été organisées par un comité interne d’administration (Kehila).

L’autonomie interne similaire a été relancé avec la création de «Judenräte» ( conseils juifs) dans les ghettos des pays nazi-européens occupés.

 

8 Eleonora Bergman (né en 1947) - historien polonais de l’architecture, à partir de 2007 directeur de l’Institut historique juif de Varsovie.

 

9 Aktion :  Nom de code qui désigne l’extermination systématique des juifs, des roms, des sintis et des yéniches du gouvernement général en Pologne pendant la période du troisième Reich.

 

Sources:

Le Sefer Kałuszyn

IAJGS International Jewish Cemetery Project

Wikipedia

Les débuts de la colonisation juive en Kałuszynie XVII - XVIIIème siècle

Wapedia : Wiki : Bataille de Dobra

Minsk Mazowiecki-Kaluszyn- Chronique d'après-guerre

En 1952, Mordechai Tsanin, écrivain et journaliste Yiddish  a parcouru la Pologne et a rassemblé dans son livre : Iber Shteyn un Shtok: a Rayze iber Hundert Khorev - Gevorene Kehiles in Poyln (A travers toutes les épreuves : un voyage dans les 100 communautés détruites de Pologne) ce qu’il avait vu en parcourant la Pologne d’après-guerre. La chronique suivante est consacrée à Minsk Mazowiecki, et Kaluszyn, villes distantes d’une vingtaine de kilomètres.

 

Minsk- Kaluszyn

 

Tout comme la ville de  Przytyk,  Minsk, près de Varsovie  est devenue le synonyme de terribles pogroms polonais avant que n’éclate la guerre. Ici les vents hitlériens ont soufflé fort avant même que n’arrive la tempête elle-même. Les Polonais de Minsk avaient fait la répétition d'un spectacle sanglant qui se jouera plus tard.

 

5500 juifs y vivaient et travaillaient. Malgré que ce soit une petite ville, elle était travailleuse et mobile comme si elle voulait suivre le tempo de Varsovie de laquelle elle était éloignée  seulement d'une trentaine de kilomètres.

 

Courir, pour les Juifs de Minsk était devenu une seconde nature,  pas seulement parce que la ville se trouvait à proximité de Varsovie, mais parce que les Juifs avaient souvent survécu à des atmosphères de pogrom. Même lors de la création de la nouvelle Pologne en 1918, les Polonais locaux avaient tenté de commettre un pogrom, et les Juifs avaient plié bagage pour s’enfuir pour Varsovie. En  1920, lors de la guerre russo-polonaise l’armée polonaise a commis un pogrom et les juifs ont à nouveau décampé. Je me rappelle encore comment les réfugiés de Przytyk avaient leurs petits sacs sur le dos et s’enfuyaient sur les routes, vers le Bug, où beaucoup seront tués plus tard, quand les polonais auront fait exploser le pont près de Siemiatycze. Juste à cet instant,  des centaines de réfugiés se trouvaient sur le pont. On a ramené ensuite les Juifs morts que les eaux du Bug avaient rejetées. Au début de la dernière guerre également, les Juifs de Minsk ont couru quand les allemands ont pénétré dans le village et ont commencé à les massacrer.

 

Les Juifs de Minsk ont cessé de  courir. Au contraire, plus tard quand  l’incendie hitlérien a commencé à se répandre dans les villes et villages, beaucoup de Juifs d’autres villes sont arrivés à toute allure, à Minsk comme des bêtes pourchassées, alors que  dans le bois les chasseurs étaient déployés, les juifs couraient à nouveau. Ils ne savaient pas eux-mêmes où ils pourraient éviter la mort, où ils seraient hors de danger. Ici, les Juifs sont arrivés, outre les villages environnants, de Garwolin et de Siedlce, de Pabianice et de Lodz, de Kalisz et de Sokolov, de Lipne et même de Varsovie, parce qu’ils avaient voulu croire  que l’incendie  ferait moins rage dans les plus petits villages.

 

Quand les Allemands ont poussé les Juifs de force dans le ghetto de la ville, ils n’étaient pas moins de 8000, presque le double  des Juifs de Minsk eux-mêmes, parce qu’une grande partie de la jeunesse  de la ville s’était enfuie du côté soviétique.

Une vie sombre et amère s’est installée dans le ghetto, la promiscuité dans les maisons était si grande que les gens ne pouvaient dormir la nuit dans les appartements. La faim dominait tout dans le ghetto de Minsk. Un Polonais de Minsk m’a raconté que les juifs du ghetto que l’on conduisait au travail, payaient  avec des morceaux d’or pour avoir une tranche de pain, et que les Polonais était si  « généreux » qu’ils leurs livraient l’alimentation, pas seulement contre de l’or mais également contre des vêtements et du linge.

Quand la nouvelle de la déportation des juifs de Varsovie est parvenue au ghetto, ils ont senti que le danger se rapprochait d’eux. De nombreux juifs se sont enfuis du ghetto, ils sont cependant vite revenus, parce qu’ils n’avaient tout  simplement nulle part où s’enfuir.

Outre la grande haine des Polonais vis-à-vis des Juifs, se trouvait non loin de Minsk une vieille colonie allemande. Dans les bois environnants séjournaient de grandes unités de L'Armia Krajowa (l'armée de l'intérieur, AK) qui abattaient sur place tout juif  venant à être attrapé. Les Juifs revenaient au ghetto, pour s’en remettre à la volonté de Dieu. Mais Dieu avait complètement abandonné les Juifs de Minsk. Ils avaient perdu tout espoir. Il y avait trop d’ennemis autour d’eux et ils ne recevaient de l’aide de personne.

 

Le 21 août 1942, les Juifs de Minsk ont dû affronter outre la population empoisonnée polonaise et L'Armia Krajowa, mais également les Allemands, les Lettons, les Ukrainiens et les Lituaniens. Toutes ces forces armées se sont jetées sur les 8000 Juifs exténués et   épuisés.

Ce jour-là, à l’aube les fusillades ont commencé au ghetto. C’était la « musique d’accompagnement » de l’anéantissement. Les Lettons, les Lituaniens et les Ukrainiens  couraient dans tous les sens dans les maisons et chassaient les enfants comme les parents vers le marché. Ceux qu’ils trouvaient dans les lits ou cachés étaient abattus sur place. Ils frappaient les enfants dans les berceaux avec la crosse de leurs fusils. Les mères qui protégeaient les berceaux de leur corps, était tuées avec les enfants. Les rues du ghetto étaient rouges du sang juif. Les juifs couraient comme pris de folie et ils tombaient dans la rue sous les coups de crosse des carabines.

A neuf heures du matin, tous les survivants avaient déjà  été rassemblés sur la place. Un ordre était tombé. S’asseoir sur le sol ! et des milliers de juifs sont restés assis sur des pierres. Celui qui changeait de position, qui s’allongeait ou tentait de se lever était abattu sur le champ.  Alors qu’il faisait ce jour une forte chaleur, sous un soleil brulant, femmes et enfants pleuraient pour avoir un peu d’eau. Alors les crapules ramenaient des seaux d’eau et les jetaient sur les têtes des juifs assis, qui ne pouvaient changer de position et les seaux tombaient vides sur les gens…

Les Juifs sont restés ainsi jusqu’à la tombée de la nuit, jusqu’à ce qu’ils soient chassés à toute allure vers le train. Celui qui ne pouvait courir, qu’il soit âgé, malade,  ou  affaibli était abattu. 1200 Juifs sur  8000 sont tombés ce jour. 6300 ont été mis dans les wagons avec de la chaux pas encore éteinte et envoyés par Varsovie à Treblinka.

 

 

Outre le Judenrat, six cent cinquante esclaves étaient restés en ville. Leur destin fut d’enterrer les personnes tombées pendant l’Aktion ; leurs vieux parents et même leurs enfants, beaucoup de leurs anges qui avaient été abattus dans les berceaux. Avec l’aide des esclaves condamnés, les Allemands ont collecté le butin des maisons juives abandonnées. Les 650 esclaves ont été mis de force dans deux camps qui avaient été ouverts, l’un dans l’usine de Rudzki sur la rue Pilsudski et le second à l’école primaire, au 39 de la rue Siennicka.

En tout et pour tout, un jour après la déportation, la gestapo a convoqué le Judenrat et expliqué qu’à partir de cet instant, l’institution n’était plus nécessaire, que les personnes avaient achevé leur travail et qu’à présent les juifs pouvaient partir. Quand les juifs du Judenrat sont sortis, ils ont été cernés par les chemises noires du Sonderkomando et dans la même cour au  35 de la rue de Varsovie, ils ont tous été abattus. Parmi les personnes abattues qui pensaient que les Allemands allaient les sauver pour services rendus, se trouvait le président du Judenrat Moshé Kramash, Son adjoint Meir Briks et les membres, Hel Morgenstern, Moshé Wainberg, Yaakob Popovski, Yosef Shtotman et d’autres. Ils ont  également été enterrés au cimetière local avec les juifs  restés dans les deux camps.

 

Dans les camps, les Juifs savaient que si on avait liquidé le Judenrat, ils allaient aussi mourir. Les Allemands n’épargneraient aucun Juif. Ils voulaient seulement, comme des sangsues, épuiser leurs forces et ensuite, abattre, ces « Juifs encombrants » ou les envoyer dans l’enfer de Treblinka. Les Juifs ont délibéré pour savoir s’ils devaient  s’évader. Une partie était contre, parce que si quelqu’un s’enfuyait cela couterait la vie de tous. Malgré tout, certains s’enfuyaient, on retrouvait leurs corps plus tard sur les routes et dans les bois.

Le fonctionnaire de la mairie de Minsk, qui me donne des détails sur l’Aktion ne me parle que de la cruauté des Lettons et des Lituaniens. A ses dires, ils étaient bien plus cruels que les Allemands. Les Allemands abattaient comme des robots, comme des crapules, pour qui le meurtre faisait partie de leur profession. Les Lettons et les Lituaniens ne  tuaient pas seulement, ils n’abattaient pas toujours leur victime immédiatement, mais ils se réjouissaient à tourmenter les juifs. Ils se déchainaient avec sadisme sur les victimes et les frappaient souvent jusqu’à ce que mort s’ensuive. Mais le même fonctionnaire n’a pas mentionné du tout ce que les Polonais avaient fait avec les juifs, ceux qui avaient réussi à s’enfuir de la ville lors de l’Aktion, et plus tard, avec ceux qui s’étaient enfuis des camps. Le fonctionnaire de la mairie de Minsk était resté silencieux sur leur rôle, comme se taisaient tous les polonais.

Le 24 décembre 1942, les Allemands ont sortis 218 juifs du camp de la rue Siennica et les ont abattus. Les autres personnes du camp ont été tuées le 10 janvier  1943.Les esclaves de l’usine de Rudzki ont encore vécu jusqu’à la mi-1943, jusqu’à ce que le directeur de l’usine déclare que les Juifs n’étaient plus aptes au travail. Le 5 juin 1943 les Allemands les  ont sortis et les ont abattus.

On ne compte aujourd’hui  dans toute la Pologne pas plus que 100 juifs de Minsk. Mais ne croyez pas que ces  100 -là se soient enfuis du ghetto et des camps. Seuls quelques-uns ont réussi à s’enfuir. Le reste est constitué des personnes de retour de Russie qui s’étaient enfuis du coté soviétique au début de la guerre.

Tout ce qui portait la marque du judaïsme à Minsk et de culture juive a été détruit. Et détruit de telle façon que si un jour un juif de Minsk devait venir voir les tombes de ses proches, il n’aurait pas où aller parce qu’il ne trouverait rien.

 

On pouvait voir la même image à Kaluszyn, mais là ce n’était pas seulement le cimetière et la synagogue qui avait été détruits, mais tout le shtetl.

Kaluszyn était un village voisin de Minsk. Le destin des deux villes avait été semblable.

La communauté juive de Kaluszyn est morte pendant ces mêmes jours, comme toutes les localités juives, qui se trouvaient sur la ligne Varsovie- Siedlce et les villages secondaires. Les Juifs locaux  aussi ont dû supporter un antisémitisme primaire avant la guerre et des relations sauvages du côté des polonais pendant la guerre.

Les Juifs de Kaluszyn pensaient que Dieu ne les abandonneraient pas parce que  « comment le maitre du monde pouvait abandonner une communauté si religieuse ? » Il avait étendu sa magnanimité de nombreuses fois sur eux. Cette fois ci allait-il déverser son courroux jusqu’à la fin, jusqu’au dernier juif ? Parce qu’à fortiori, que ferait Dieu sans les juifs ? Comment les cieux pourraient il s’éclairer au-dessus de la terre, si tous les juifs de Kaluszyn étaient morts. Dieu a osé et le soleil brille toujours. Quand je suis arrivé à Kaluszyn, le ciel était d’un bleu si pur d’une telle innocence, comme si sous lui aucun mal ne pouvait arriver. Et ce qui s’est produit à Kaluszyn ne peut même pas être comparé au mot enfer, parce que finalement, notre représentation de l’enfer est limitée et ainsi que ce qui s’est passé à Kaluszyn dépasse l’imagination la plus folle.

Quand j’ai pris la route vers  les villages de Podolie et que j’ai mis les pieds à Kaluszyn, je n’avais même pas à qui demander où se trouvait  telle rue et où était la maison d’études, où se trouvait la synagogue. Une chose était très claire, le village avait été détruit par les opérations de guerre, presque uniquement les maisons, qui appartenaient aux juifs étaient détruites. Aucun juif n’y vivait. De temps en temps un Juif de Varsovie ou de Lodz faisait son apparition, pour s’informer si un polonais n’avait pas dans l’idée  d’acheter les emplacements où se trouvaient les maisons juives avant. On pouvait recevoir  un grand emplacement à Kaluszyn, au centre même de la ville, pour le prix de deux paires de chaussures. Mais on n’achetait pas. Les paysans espéraient obtenir les places gratuitement, comme ils avaient « obtenu » gratuitement les meubles et la literie des Juifs.

L’autobus m’a conduit par la grand route, celle qu’empruntaient auparavant les voyageurs commerciaux et les charrettes de marchandise de Varsovie vers les villages de Podolie, Vengrow, Sokolov et plus loin, au Bug.

Les charretiers racontaient d’effrayantes histoires sur cette route que nous empruntions, ses grandes forêts et ses terribles bandes de bandits détrousseurs. Dans le folklore juif de Podolie, cette route occupait une place de choix, et les Juifs pouvaient s’asseoir des nuits entières d’hiver à parler de l’histoire de chaque pierre, de chaque parelle de forêt, plus que ce que l’on peut raconter aujourd’hui des villages par lesquels l’autobus passait.

Le 25 Septembre 1942, les juifs de Kaluszyn ont été  rassemblées et ont été  dans leur majorité    déportés  et exterminés à Treblinka.